Les acteurs du football viennent parfois d’autres sports ou s’adonnent à de nouvelles pratiques. Une façon de prolonger le plaisir.
David Bricout, vingt ans de bonheur – Hauts-de-France / Nord
“Je ne les ai pas vu passer !” Quand il débarque à l’AS Beuvry-la-Forêt en 2002 car un ami le sollicite pour rejoindre le club, qui évolue alors en première division de District, David Bricout, attaquant à la solide réputation dans le Nord, n’imagine pas que vingt ans plus tard, il occupera toujours le banc. Et pourtant, “l’histoire d’hommes et d’amitié” a étiré la relation sur deux décennies au point de tisser des liens presque indéfectibles. “Je ne me vois pas quitter le club du jour au lendemain après tant d’efforts. Mon successeur devrait tout reprendre à zéro”, avoue l’entraîneur de 52 ans.
Seule une victoire aux élections municipales de Pecquencourt, un village voisin, aurait pu remettre en question son engagement, il y a deux ans. Hélas pour lui – mais heureusement pour l’ASB -, les urnes ne lui ont pas été favorables… Le voilà donc tourné vers l’avenir.
“Je suis très attaché à l’AS Beuvry-la-Forêt, à ses bénévoles, à ceux qui tiennent la buvette ou tracent les terrains. J’ai été sollicité par des concurrents mais j’ai toujours refusé car gagner plus d’argent ne constitue pas une priorité, confie David Bricout, professeur dans le civil et membre du District de l’Escaut. L’humain me motive avant la compétition. Je ne me pose pas de questions. Ici, mes dirigeants me laissent libre de mener la politique sportive même dans les moments difficiles. Et c’est plutôt rare dans ce milieu… Désormais, je veux créer une nouvelle dynamique car il faut préparer la suite.”
En 2002, à son arrivée comme entraîneur-joueur, certains enfants de l’école de foot le regardaient avec admiration. Ils évoluent aujourd’hui sous ses ordres et pourraient bientôt raccrocher les crampons en n’ayant connu que lui, comme “une sorte de père spirituel”. David Bricout l’avoue : “C’est une fierté. Je suis heureux car je ne suis plus le même coach qu’à mes débuts.” Et s’il repartait pour vingt ans ?
Jérôme Sempéré plonge dans le foot – Provence-Alpes-Côte d’Azur / Bouches-du-Rhône
L’odeur du chlore ne semble pas manquer à Jérôme Sempéré. Lui qui a baigné toute sa vie dans le milieu de la natation a endossé le costume de directeur général de l’US Venelles quittant ainsi son rôle de directeur sportif des Dauphins des Pennes-Mirabeau qu’il avait contribué à hisser jusqu’au troisième rang dans les Bouches-du-Rhône, derrière l’immense Cercle des Nageurs de Marseille et le prestigieux Pays d’Aix Natation.
Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser cet ancien nageur de niveau national, aujourd’hui âgé de 33 ans, à passer de la piscine au terrain de football ? “Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été dans l’eau, sourit Jérôme Sempéré. Mais à force, j’avais fait le tour. J’ai obtenu un Master en Management du sport durant lequel j’ai fait des rencontres qui m’ont offert cette opportunité.”
C’est donc une évolution professionnelle qui l’a orienté vers le club du village situé au nord d’Aix-en-Provence. Moins focalisé sur l’aspect sportif, le nouveau DG chapeaute une trentaine d’éducateurs et six employés dans trois sections : le football évidemment (près de 600 licenciés), la glisse (roller, skate, trottinette) avec sa centaine d’adhérents et la randonnée, encore confidentielle.
Jérôme Sempéré ne manque pas de projets. “Le foot demeure très conservateur et s’appuie sur des recettes qui ont probablement fait leur temps. Ce sport collectif a une culture extrêmement individualiste. L’inverse de la natation où on ne brille pas sans le collectif. J’ai trois visions : sociale car il faut s’adapter à notre public, mercantile car on doit trouver des leviers de développement et l’ouverture vers le multisports.”
La création d’une section bien-être (yoga, pilâtes…) est dans les cartons. La pratique du futsal l’intéresse également. Car la ville de Venelles dispose d’un parc des sports splendide avec des installations (trois terrains, deux salles, skatepark, parcours santé, tennis club, padel…) diverses et modernes. Autant d’atouts sur lesquels Jérôme Semperé entend surfer.
Pascal Blin marche au plaisir – Nouvelle-Aquitaine / Charente-Maritime
À 58 ans, Pascal Blin (à gauche sur la photo) prolonge le plaisir. Ancien joueur d’excellent niveau (plus de 400 matchs jusqu’en 3e division), entraîneur et arbitre, l’actuel directeur sportif de Saint-Jean-d’Angély (Régional 1), va porter le maillot… de l’équipe de France ! Pas celle dirigée par Didier Deschamps évidemment, mais une autre, moins médiatisée, d’une pratique qui gagne néanmoins à être connue : le foot en marchant.
Dans le cadre du Foot santé, la Fédération Française de Football favorise le développement au sein des clubs de cette forme de jeu inclusive, à destination d’un public intergénérationnel et mixte. “Il y a un an et demi, on m’a sollicité pour découvrir le foot en marchant, raconte Pascal Blin qui s’est rapidement pris au jeu. Les règles me conviennent. Il y a de la tactique et de la technique mais sans contact. Ça reste du jeu et nous sommes tous de grands enfants ! Je vois des personnes de 60, 70 ou 80 ans avec les yeux qui pétillent !”
Grâce à l’Association Française de Football en Marchant, des compétitions se mettent en place. Fin mai, la France affrontera l’Angleterre, l’Italie et le Pays Basque à Bilbao pour un tournoi amical, préambule à la coupe du monde, qui se déroulera à Manchester en 2023 à la suite de deux reports en 2020 et 2021 à cause du Covid. “C’est la petite équipe de France, se marre Pascal Blin. Mais de façon anecdotique, nous allons revêtir le maillot bleu. C’est surtout le partage et la convivialité qui nous poussent !”
Pour Pascal Blin, le foot en marchant n’a pas fini de surprendre. Il se joue à 5 contre 5 (ou 6 contre 6) sur un terrain réduit (30 m x 40 m) : interdiction de courir, de tacler et de lever le ballon. “La discipline va se développer. Elle permet à des personnes de plus de 50 ans de poursuivre après la catégorie vétérans, qui devient trop dure pour ces pratiquants. On garde ainsi une activité physique et de la fraîcheur mentale car en jouant on maintient un lien social.”
Rédaction par la revue Vestiaires